dimanche 27 avril 2008

Les adieux...


Les aurevoirs, ou plutôt, les adieux, sont un passage obligé, fréquent, pour ceux qui voyagent à long terme, comme nous. Lorsqu'on s'installe ailleurs, on veut tisser des liens, briser la solitude du "nouvel arrivant". On s'accroche, on y met des efforts, et puis enfin, ça y est, on a des copains, on les aime, parfois bien moins que les copains de la maison, mais ça fait du bien de se savoir entourés tout de même. Et parfois on les aime autant que nos amis chers, on se découvre des affinités sur autre chose qu'on ne partage avec personne d'autre, on se tisse un vécu, on partage des souvenirs qui sont inconnus de tous ceux qu'on aime et qui sont loin. Personne d'autre que ceux qui étaient à Paris avec moi à la Maison des Étudiants Canadiens ne saura les soirées magiques que nous avons passé, le sentiment de liberté et de folie que nous insufflait cet air parisien, le sentiment de pouvoir un peu recommencer à neuf, avec des gens qui sont là à cet instant précis pour exactement les mêmes raisons que soi. J'ai bien de la chance d'avoir Guillaume pour partager encore ces souvenirs, ces non-dits. J'ai vu bien des couples en arracher, lorsque l'un(e) était à Paris, et l'autre était resté(e) au Québec... il y a des expériences qui changent les gens de l'intérieur, sans que ce soit notable de l'extérieur... mais nous, on sait.

Et on sait qu'est-ce que le deuil d'un adieu, d'un adieu géographique. La personne vit encore, quelque part, ailleurs, mais on doute qu'on la reverra. C'est la vie qui est comme ça, les océans sont larges, longs, et concrètement, dispendieux à traverser. J'étais paralysée de peine et de déni quand j'ai quitté Paris; je savais que la plupart des gens continuaient le séjour jusqu'à la fin du printemps, et moi, je me voyais dans l'obligation de rentrer. Je devais abandonner tous ces "amis de voyage" derrière moi, et pire, savoir que le plaisir, que l'expérience, que la folie, que le partage, que la fête continuerait sans moi. Je savais aussi que même si je gardais contact avec quelques unes de ces personnes, ce ne serait probablement plus jamais pas pareil; il y a des amitiés qui se fondent sur un lieu, un laps de temps, une obligation d'être là au même endroit et qui se transforme en plaisir, mais qui, sorties de leur contexte, ne trouvent plus leur raison d'être.

Dire "aurevoir" à quelqu'un, lorsqu'on se doute que c'est un adieu, ce n'est pas nécessairement être malhonnête, hypocrite, ou manquer de sincérité; parfois le souhait est sincère, et se dire qu'un jour, on se reverra, ça rassure, ça fait du bien, ça rend le départ moins déchirant, moins mélo-dramatique. En fait, la vie fera le reste; si les deux personnes souhaitent autant se revoir l'une l'autre, ça arrivera. Sinon... eh bien ces gens auront toujours une place quelque part dans mes souvenirs, certains une place de choix, d'autres ne feront que traverser les scènes que ma mémoire aura bien voulu conservées.

Et puis après tout, on ne prend pas la peine de se faire des adieux entre gens qui vivent dans le même pays, dans la même ville, à quelques kilomètres de chez-soi... mais ces aurevoirs communs, banals, sans crainte d'un adieu, n'en sont pas moins parfois les derniers que l'on fait avant que nos chemins se séparent définitivement. Les gens que j'aimais bien et qui ont eu une importance dans ma vie ne croiseront pas tous une autre fois mon chemin, même s'ils vivent si près, comparés à ces amis éparpillés partout à travers le monde...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Tout à fait vrai. Très bon post, très touchant et très profond!

Tania a dit…

*hahahaa* ;o) Merci, petit frère... c'est gentil d'être passé... je suppose que je dois maintenant te rendre la pareille! ;oP
Bisous, prends soin de toi -xxxxx-