mercredi 24 septembre 2008

Tag littéraire


Un peu de présent dans mes récits du "passé", quoique ce passé ce ne soit pas si lointain... Question de vous rappeler que j'ai encore une vie, un présent, que ce n'est pas toujours très joyeux ni très rose, mais qu'il est tout de même digne de mention. ;o)

Cette semaine, j'assiste à des ateliers d'aide à l'emploi de l'Université de Montréal, "la planification de la recherche d'emplois" (ça, ça fait 2 mois que je le fais, mais il paraît que je dois maintenant me concentrer sur le "marché caché"... les emplois secrets, dissimulés aux yeux des non-initiés, hors-réseautage... tout est donc à recommencer, ou presque!), "le défi du curriculum vitae: la rédaction" (je me fais deux beaux cvs tout neufs, tout propres, tout courts (ce qui n'était pas le cas de l'ancien!), un chronologique, un par compétences, et demain j'évaluerai avec ma conseillère lequel est le plus "performant"), et demain, "préparation à l'entrevue: I". La préparation à l'entrevue "étape 2", ce sera des simulations et de l'observation des autres, ça s'annonce intéressant.

Bref, chéri et moi sommes plutôt désillusionnés par le peu de réponses que nous recevons, mais après ces ateliers et la "refonte" de nos cvs, je suis confiante: on aura davantage de feedback.

Quant au tag, il vient de Véro, qui l'a reçu d'Oum. Citer les lignes 5 à 10 de la page 123 du roman qui repose sur ma table de chevet.

Puisque je suis incapable de faire si court, et que cet extrait, que je viens de lire, n'est pas représentatif de la prose du roman, je vous en cite un autre extrait, plus long, mais ô combien inspirant.

Ma lecture en ce moment? Historique, évidemment. Dumas-esque, ajouterais-je. Après la saga des Trois Mousquetaires, oeuvre grandiose sur l'amitié masculine, l'esprit chevaleresque et les complots de Richelieu et de Louis XIV, après aussi le Comte de Monte-Christo et ses histoires de vengeance et d'amours déçues, je tombe avec délice dans La Reine Margot.

Donc, après le 17e siècle, après le 19e siècle, je retourne au 16e siècle, l'époque des poisons, des guerres de religions entre papistes et huguenots, une époque que j'ai beaucoup aimé étudier et un événement en particulier, le massacre de la Saint-Barthélémy, que j'ai particulièrement analysé pour en trouver "les coupables" (la machiavélique Reine-mère Catherine de Médicis est-elle la seule coupable? Son fils Charles IX a-t-il tiré de sa fenêtre sur les protestants fuyant le massacre? Les nobles protestants étaient-ils si prétentieux, si provocants? aaaah, comprendre les ressorts, les non-dits, les causes et conséquences de l'Histoire...je me demande pourquoi j'aime tant cela... peut-être par désillusion par rapport à la politique ennuyante d'aujourd'hui, alors que c'était si excitant, si imprévisible à l'époque?)

Bref, la reine Margot, fille de Catherine, soeur de Charles IX. Le soir de la Saint-Barthélémy, 24 août 1572. Le parti catholique (papiste), dans le Louvre, se prépare à passer sous le fil de l'épée la "tête" du parti protestant, la douzaine d'huguenots qui constitue la suite d'Henri de Navarre, qu'on vient d'unir à Margot dans l'espoir de rallier les 2 religions - officiellement - ou dans le but d'amener toutes les proies dans le même filet - officieusement.

Un beau jeune homme, La Mole, protestant, vient d'arriver à Paris pour rejoindre Henri de Navarre. Il arrive quelques jours plus tard que prévu, et n'est donc pas encore "identifié" comme faisant partie de la suite d'Henri, cette suite qui sera victime, au son de la tocsin de l'église d'à côté, à 2h du matin, des machinations de la famille royale, de Catherine, du roi Charles IX.

Le massacre commence. On tue bien sûr les nobles de la suite d'Henri, on tue l'amiral Coligny, pourtant appelé "mon père" par le roi Charles IX quelques jours auparavant. Les meurtres se passent dans les rues, les gens tentent de fuir. Les Parisiens s'éveillent, profitent de l'occasion pour se défouler, pour assassiner, les protestants évidemment, mais aussi, pourquoi pas, tous ces "gênants" qui nuisent, un voisin, un oncle dont on veut hériter; c'est le bain de sang.

La Mole réussit à échapper à son aubergiste qui prévoyait en faire sa première victime de la soirée. Il court à l'hôtel de l'amiral de Coligny pour l'avertir du danger, mais il est trop tard à son arrivée; on a déjà assassiné le vieil homme, on l'a jeté par la fenêtre, et la foule prend plaisir maintenant à le décapiter, le démembrer. Où est La Mole? Caché dans l'hôtel, piégé.


/////
p. 100:

"En ce moment, en effet, quelques cris de détresse qui semblaient poussés par une voix de femme se firent entendre; des reflets rougeâtres illuminèrent une des deux ailes formant galerie. On aperçut deux hommes qui fuyaient poursuivis par une longue file de massacreurs. Une arquebusade tua l'un; l'autre trouva sur son chemin une fenêtre ouverte, et, sans mesurer la hauteur, sans s'inquiéter des ennemis qui l'attendaient en bas, il sauta intrépidement dans la cour.

- "Tuez! tuez!" crièrent les assassins en voyant leur victime prête à leur échapper.

L'homme se releva en ramassant son épée, qui, dans sa chute, lui avait échappée des mains, prit sa course tête baissée à travers les assistants, en culbuta trois ou quatre, en perça un de son épée, et au milieu du feu des pistolades, au milieu des imprécations des soldats furieux de l'avoir manqué, il passa comme l'éclair devant Coconnas, qui l'attendait à la porte, le poignard à la main.

- "Touché! cria le Piémontais en lui traversant le bras de sa lame fine et aiguë."
- Lâche! répondit le fugitif en fouettant le visage de son ennemi avec la lame de son épée, faute d'espace pour lui donner un coup de pointe.
- Oh! mille démons! s'écria Coconnas, c'est monsieur de la Mole!
- Monsieur de la Mole! répétèrent La Hurière et Maurevel.
- C'est celui qui a prévenu l'amiral! crièrent plusieurs soldats.
- Tue! tue!..." hurla-t-on de tous côtés.

Coconnas, La Hurière et dix soldats s'élancèrent à la poursuite de La Mole, qui, couvert de sang et arrivé à ce degré d'exaltation qui est la dernière réserve de la vigueur humaine, bondissait par les rues, sans autre guide que l'instinct. Derrière lui, les pas et les cris de ses ennemis l'éperonnaient et semblaient lui donner des ailes. Parfois une balle sifflait à son oreille et imprimait tout à coup à sa course, près de se ralentir, une nouvelle rapidité. Ce n'était plus une respiration, ce n'était plus une haleine qui sortait de sa poitrine, mais un râle sourd, mais un rauque hurlement. La sueur et le sang dégouttaient de ses cheveux et coulaient confondus sur son visage.

Bientôt son pourpoint devint trop serré pour les battements de son coeur, et il l'arracha. Bientôt son épée devint trop lourde pour sa main, et il la jeta loin de lui. Parfois il lui semblait que les pas s'éloignaient et qu'il était près d'échapper à ses bourreaux; mais aux cris de ceux-ci, d'autres massacreurs qui se trouvaient sur son chemin et plus rapprochés quittaient leur besogne sanglante et accouraient. Tout à coup il aperçut la rivière coulant silencieusement à sa gauche; il lui sembla qu'il éprouverait, comme le cerf aux abois, un indicible plaisir à s'y précipiter, et la force suprême de la raison put seule le retenir. A sa droite c'était le Louvre, sombre, immobile, mais plein de bruits sourds et sinistres. Sur le pont-levis entraient et sortaient des casques, des cuirasses, qui renvoyaient en froids éclairs les rayons de la lune. La Mole songea au roi de Navarre, comme il avait songé à Coligny: c'étaient ses deux seuls protecteurs. Il réunit toutes ses forces, regarda le ciel en faisant tout bas le voeu d'abjurer s'il échappait au massacre, fit perdre par un détour une trentaine de pas à la meute qui le poursuivait, piqua droit vers le Louvre, s'élança sur le pont pêle-mêle avec les soldats, reçut un nouveau coup de poignard qui glissa le long des côtes, et, malgré les cris de: "Tue! tue!" qui retentissaient derrière lui et autour de lui, malgré l'attitude offensive que prenaient les sentinelles, il se précipita comme une flèche dans la cour, bondit jusqu'au vestibule, franchit l'escalier, monta deux étages, reconnut une porte et s'y appuya en frappant des pieds et des mains.

"Qui est là? murmura une voix de femme.
- "Oh! mon Dieu! mon Dieu! murmura La Mole, ils viennent...je les entends...les voilà... je les vois... C'est moi!... moi!...
- Qui vous?" reprit la voix.
La Mole se rappela le mot d'ordre.
"Navarre! Navarre!" cria-t-il.

Aussitôt la porte s'ouvrit. La Mole, sans voir, sans remercier Gillonne, fit irruption dans un vestibule, traversa un corridor, deux ou trois appartements, et parvint enfin dans une chambre éclairée par une lampe suspendue au plafond.

Sous les rideaux de velours fleurdelisé d'or, dans un lit de chêne sculpté, une femme à moitié nue, appuyée sur son bras, ouvrait des yeux fixes d'épouvante.

La Mole se précipita vers elle.

"Madame! s'écria-t-il, on tue, on égorge mes frères; on veut me tuer, on veut m'égorger aussi. Ah! vous êtes la reine...sauvez-moi."

Il se précipita à ses pieds, laissant sur le tapis une large trace de sang.

En voyant cet homme pâle, défait, agenouillé devant elle, la reine de Navarre se dressa épouvantée, cachant son visage entre ses mains et criant au secours.

"Madame, dit La Mole en faisant un effort pour se relever, au nom du Ciel, n'appelez pas, car si l'on vous entend, je suis perdu! Des assassins me poursuivent, ils montaient les degrés derrière moi, je les entends... les voilà! les voilà...!

- Au secours! répéta la reine de Navarre hors d'elle, au secours!

- Ah! c'est vous qui m'avez tué! dit La Mole au désespoir. Mourir par une si belle voix, mourir par une si belle main! Ah! j'aurais cru cela impossible!"

Au même instant la porte s'ouvrit et une meute d'hommes haletants, furieux, le visage taché de sang et de poudre, arquebuses, hallebardes et épées en arrêt, se précipita dans la chambre."

/////


Voilà! C'est la plus belle poursuite que j'ai lu de ma vie. Dumas a une faculté incroyable pour les récits de guerre, de sang, de poursuite à pied ou à cheval, c'est un écrivain qui dépeint magnifiquement bien l'esprit chevaleresque, la force virile, brute et même brutale, la masculinité dans tout ce qu'elle avait de combative et de guerroyante à l'époque.

J'espère que vous avez eu le courage de lire l'extrait jusqu'à la fin, et que vous avez apprécié. J'en suis à une centaine de pages plus loin, et le livre est définitivement très bon. Mais le meilleur, c'est Les Trois Mousquetaires...

Moi, toutes ces épopées historiques, ça me fait rêver... après tout, c'est grâce aux romans historiques que j'ai découvert mon intérêt pour l'Histoire... par la plume de certains auteurs qui avaient une plume particulièrement habile...

Que j'aimerais savoir écrire comme eux!!

mardi 23 septembre 2008

Paris Jour 3

Paris, 3 juin 2008


La veillée avait été difficile, alors le réveil l'a été d'autant plus. Nous avons quitté l'appartement assez tard (because les roesti devaient être dégustées avec soin), vers 13h. Nous voulions visiter l'Opéra en matinée, mais encore une fois, cette visite a été reportée au lendemain (pas pressés les touristes, paaas pressés, c'est bien la seule ville où nous n'avions pas la rage de tout voir, et c'était parfait comme ça, pour s'adapter doucement au voyage).
Il y a un endroit que je souhaitais visiter depuis ma première visite à Paris. En fait, avant même de mettre les pieds pour la première fois en France, j'y pensais déjà. Ça allait de soi, avec le "pélerinage à la Louis XIV" à Versailles (que j'ai visité 3 fois ;o))

Et j'ai nommé: La Basilique Saint-Denis, nécropole des rois et reines de France.

Située en banlieue nord de Paris, à une bonne heure du centre, il faut vraiment tenir à y aller, parce qu'il n'y a pas grand chose d'autre à faire dans le coin.
La Basilique St-Denis a été nommée ainsi en l'honneur de saint Denis (wow je vous en apprend des choses, ein?), premier évêque de Paris (Lutèce), venu d'Italie vers 250 pour évangéliser la France. Il aurait été décapité suite à la répression romaine anticatholique vers 272, à Montmartre. De là, la légende veut qu'il se soit relevé (oui oui!), qu'il ait pris sa tête, et qu'il l'ait porté sur 6 kilomètres, vers le nord, jusqu'à ce qu'il rencontre Catulla, une femme de la noblesse, et qu'il lui remit sa tête. Une fois son "fardeau" légué, son corps s'effondra, et on l'enterra à cet endroit précis. C'est là que Sainte Geneviève au Ve siècle construisit une église, puis en 630 on y mit à l'abri le corps de Saint Denis. À travers les siècles, la basilique évolua, et particulièrement sous l'influence et les géniales idées d'innovations architecturales de l'abbé Suger (XIIe siècle).
Dagobert fut le premier roi à y être enterré, mais c'est à partir du premier roi Capétien, Hugues Capet (mort en 996), que la basilique devint la nécropole officielle des rois et reines de France. C'était là qu'était rangée l'oriflamme (bannière servant de ralliement) en attendant la prochaine guerre ou croisade. Finalement, c'est là aussi qu'Henri IV, protestant, allât abjurer en 1593 dans l'espoir de conquérir plus facilement la couronne de France (son fameux et probablement erronné "Paris vaut bien une messe").
Tout ça, et bien plus, je l'ai appris auprès de notre guide; nous avons eu la chance inouïe d'arriver pile à l'heure de la visite guidée, qui a duré un total de 2h30. DEUX HEURES TRENTE d'informations passionnantes sur les rois et reines françaises, que pouvais-je demander de plus?!(Profitez du résumé!! ;o)) Anthony, notre guide, était une vraie mine d'information, malgré son état quelque peu débraillé (petit manque de professionnalisme, il prend le temps de nous préciser au début de la visite qu'il revenait d'un festival de musique pas mal "rock'n roll"). Tout de même, il nous a passionné tout le long de la visite; histoire de la monarchie, de la révolution, détails architecturaux, religieux, artistiques...

Il a parlé de tout ce que j'aime, la monarchie, la généalogie des rois (il les connaît tous par coeur, wow!), la loi salique (un des sujets de mon mémoire de maîtrise, je hochais la tête d'approbation), des détails croustillants et pas toujours très ragoûtants (mais on aime tellement ça!) sur l'état des corps des monarques lorsqu'ils ont été exhumés... Eh oui, moi qui pensait comme bien des gens que la Révolution française avait sauvagement et démentiellement détruit tous les tombeaux, par un mouvement de foule incontrôlable, j'ai appris que l'exhumation avait été faite méthodiquement, corps par corps, avec annotations sur l'état de chaque tombeau, corps, squelette, etc. Procès-verbaux à l'appui - datant environ de l'époque où Marie-Antoinette a été décapitée -, notre guide nous expliquait la procédure; on exhumait les corps, prenait des notes, puis on allait jeter les restes dans une fosse commune à l'extérieur. Et pour qu'il ne reste plus rien de ces souverains qui avaient dominé le pays pendant plus d'un millier d'années, on épandait de la chaux à grandes pelletées avant de refermer les fosses. SACRILÈGE, crie en moi l'historienne monarchiste. Ça fait mal juste d'y penser. Il faut bien sûr se recadrer sur l'époque, se dire que ces gens, enfin "libres" (mais ils ne l'étaient pas vraiment davantage), avaient "raison" d'avoir envie de mettre ces icônes sur un pied d'égalité, de leur faire subir le triste sort du peuple destiné à mourir souvent dans l'anonymat, ou du moins, sans la perennité que donnait le statut de monarque.
Louis XVI et Marie-Antoinette, qui n'ont pas de gisants.

Fait intéressant, la dépouille d'Henri IV, lorsqu'on l'a sortie de son tombeau, s'était conservée presqu'intacte, 200 ans après sa mort, alors que Louis XIV était tout noirci à ce qu'il paraît (bouhou!). Le guide nous a dit que c'était peut-être parce qu'Henri IV était mort assassiné, plutôt que de maladie, et s'est vidé bien vite de son sang (coup de poignard du fou Ravaillac, rue de la Ferronnerie, près de la Place des Vosges). (Image rare, j'ai dû prendre en photo ma photocopie, n'arrivant pas à la retrouver sur internet, et ne l'ayant jamais vu lors de mes recherches!)


En 1793, les monuments funéraires ont tous été mis au musée, doucement et avec soin, plutôt que violemment comme on le laisse souvent entendre (pourquoi? parce qu'ailleurs ça s'était passé comme ça, ou pour mettre l'emphase sur la joie et la violence qui régnaient pendant cet abolissement de la monarchie?). Lors de la Restauration de la monarchie, après la chute de Napoléon, on a creusé, repris les os, on les a ramené dans la basilique dans 5 cercueils (pour environ 150 corps à l'origine!!!), et les monuments ont été ramenés des musées avec leurs orants (figures en position de prière) et leurs gisants (les statues des morts entrain de souffrir et se tordre de douleur... très à la mode à l'époque! Quand on dit qu'ils n'avaient pas le même rapport à la mort que nous aujourd'hui...).


Monument funéraire d'Henri II et Catherine de Médicis...on remarque que Catherine s'est fait représentée au même âge qu'Henri II, alors qu'elle est morte bien après lui.

J'ai vu les monuments funéraires de François Ier et sa femme, Henri II et Catherine de Médicis, Louis XVI et Marie-Antoinette, et tout plein des héros des romans "Les rois maudits", Philippe le Bel, Mahaut, Louis X, Charles IV, Philippe V, Robert II d'Artois (fils de Mahaut), etc... quel dommage que Guillaume, à ce moment-là, n'avait rien lu encore des Rois Maudits!! Il s'est bien repris par contre, puisqu'il a lu la saga au complet pendant notre voyage (livres de poche parfaits). Et moi aussi d'ailleurs, tant qu'à acheter et transporter des livres, on maximisait nos achats en les lisant tous les 2, à un roman de décalage!

J'ai vu aussi une plaque de marbre qui m'a particulièrement touchée. Elle concernait Marie de Médicis, une des deux reines que j'ai étudié pendant 2 ans, lors de ma maîtrise. Je savais qu'elle était morte exilée par son propre fils, dans le dénuement et le mépris. J'ai lu ses lettres de supplications, qui sonnaient bien souvent comme des ordres de marâtre à son fils. Mais cette plaque, posée à l'emplacement de son tombeau, reine ramenée dans son pays d'accueil une fois seulement qu'elle a été bien morte, m'a particulièrement émue sur son sort (et c'était le but, il faut le savoir). Je vous la met en citation, puisque ma photo de la plaque est quasi illisible;

Le Louvre de Paris vit éclater ma gloire:
Le nom de mon époux, d'immortelle mémoire,
Est placé dans le ciel comme un astre nouveau.
Pour gendres j'eus deux rois, pour fils ce clair flambeau [Louis XIII]
Qui par mille rayons brillera dans l'histoire.
Parmi tant de grandeur (le pourrait-on croire?)
Je suis morte en exil; Cologne est mon tombeau!
Cologne, oeil des cités de la terre allemande,
Si jamais un passant curieux te demande
Le funeste récit des maux que j'ai soufferts,
Dis: ce triste cercueil chétivement enserre
La reine dont le sang coule en tout l'univers,
Qui n'eut pas en mourant un seul pouce de terre.


Cette femme, c'était une tempête. Une comploteuse, une manipulatrice. Une mère peu affectueuse, devenue veuve trop tôt pour que son fils bénéficie d'une image paternelle plus chaleureuse... Mais devenir veuve a été pour elle une révélation; de simple comploteuse et épouse chipoteuse, elle est devenue une grande conspiratrice, détenant tous les pouvoirs, grâce à son titre de régente. Son fils lui a pris le pouvoir de force, à 17 ans, en assassinant son favori, l'Italien Concini. Premier exil, retour en grâce quelques années plus tard, deuxième exil lorsqu'elle a recommencé à comploter; car cette fois elle s'attaquait à plus fort qu'elle, le cardinal de Richelieu, qui avait une emprise totale sur l'esprit du jeune roi. Cette mère partit en guerre contre son fils, monta des armées de rebelles contre l'armée royale, entraîna son deuxième fils, Gaston, dans ces guerres matricides, fraticides... mais échoua lamentablement. Reste que devant cette épitaphe, j'ai pensé à la femme ambitieuse (j'allais écrire "de tête", mais ce n'est pas tout à fait la bonne expression, elle était un peu écervelée parfois!), assoiffée et éprise du pouvoir qu'elle a détenu pendant 7 années et qu'on lui a enlevé brutalement, principalement à cause de son sexe, mais aussi à cause de ses incapacités et de ses incohérences. Catherine de Médicis, par contre - aucun lien, du moins direct, de parenté - une quarantaine d'années auparavant, aurait fait "un grand homme d'État".


La visite était tellement instructive, j'ai remercié le guide au moins 10 fois (après lui avoir pris une photocopie du croquis de la dépouille d'Henri IV, et pris le titre du livre qui recence l'état des corps, tel que noté en 1793... on peut sortir la fille du département d'Histoire, mais pas le feu de l'Histoire de la fille ;o)) (mais la désorganisation intrinsèque de la fille fait qu'elle ne sait plus où elle a mis ce précieux titre de livre)... grrr.


L'Histoire me manque maintenant... Le guide n'a même pas étudié l'histoire, il a fait l'école du Louvre un moment, mais il n'aimait pas alors il a lâché... et pourtant, il en connaît tellement, je lui donnerais sa maîtrise immédiatement, sans d'autres évaluations! (ah ces Français, bourrés de culture, ça leur sort par les oreilles!! et nous, pour atteindre leur degré de connaissances, toutes les années universitaires qu'il faut se taper!!! ;o) )


On a donc peu fait aujourd'hui (qu'est-ce que ce sera comme texte quand j'aurai eu une journée mouvementée!), mais mon âme d'historienne est comblée... On va essayer d'en faire plus demain, Guillaume va voir son ami Gaël ce soir, moi je resterai ici tranquille à jaser avec Bertrand et ses colocs, pour me remettre de ma journée...épuisée mais heureuse ;o)

mercredi 17 septembre 2008

Paris, Jour 2

2 juin 2008


Première journée de promenade à Paris; nous avons retrouvé avec plaisirs nos repères, nos coins favoris.

Nous avons commencé par la Place de la Concorde, avec ses deux magnifiques fontaines et son obélisque gigantesque. J'ai appris que cette place avait été inaugurée en 1763 et s'appelait alors "Place Louis XV", puis qu'à la Révolution on l'avait renommée "Place de la République".

C'est là, ironiquement, que le fils de Louis XV, Louis XVI, et sa femme Marie-Antoinette ont été guillotinés (à quelques mois d'intervalle). Ça faisait bizarre de penser que j'étais assise là où un roi et une reine avaient perdus la vie - mais aussi, tout simplement, deux êtres humains.

Je sais bien que pour les Français, ça a une saveur un peu festive, cette révolution et ce tranchage de têtes royales...*hahaha* Moi, l'historienne monarchiste, je trouvais que ça avait plutôt un relent de tristesse... je ne pourrais parler de nostalgie; comment être nostalgique d'une époque qu'on n'a pas vécue? Pire, comment être nostalgique d'une forme de gouvernement dont je n'ai jamais senti peser le joug, et dont je sais très bien tous les désavantages pour le petit peuple dont j'aurais fait partie?

Guillaume m'a fait remarquer à quel point la route est longue entre cette ancienne place de la Révolution et la Bastille, où étaient maintenu prisonnier le couple royal... Ça a dû être un chemin de croix assez pénible, en charette, à travers la foule enragée, assoifée de sang...

Mais toutes ces idées un peu macabres n'allaient pas ternir ma bonne humeur d'être à Paris. Nous avions une mission assez délicate; on m'avait remis, à la dernière minute de ma dernière journée de boulot, l'équivalent d'un mois de salaire, que j'avais demandé qu'on dépose dans mon compte bancaire avant mon départ (eh ben oui, je voulais être sûre de recevoir ma paye!). Faute de temps, on me l'a remis en espèce sonnante... en livres sterling, évidemment. Étant membre de la banque HSBC en Angleterre, et sachant qu'elle était présente en France, j'étais confiance de pouvoir déposer tout mon magot en sûreté à Paris dans mon compte londonien.

Erreur. Première banque HSBC, on me dit qu'ils ne prennent pas les espèces étrangères, surtout pas un aussi gros montant, et qu'il m'aurait fallu un compte FRANÇAIS. Je m'insurge; HSBC en France ou en Angleterre, n'est-ce pas la même chose? Eh non; même nom, pas *aucun lien* entre les deux. Devant ma "face de Carême", mes complaintes et bougonnements, on me réfère à la succursale HSBC sur les Champs-Élysées. Bon... pourquoi pas, après tout? C'est loin, hors-programme, et surtout hors-budget au point où notre niveau de tentation est à zéro sur cette avenue célèbre - qui ne me fait pas saliver, souffrir ou damner, comme certaines filles...les boutiques de luxe, lorsque mon argent est utilisé ailleurs, 40 jours d'avance...bof! - mais c'est tout de même divertissant, et comment dire non à l'Arc de Triomphe, hum? Toujours aussi impressionnant cet Arc, aussi massif, et si bien posé en perspective...

Nouvel échec bancaire sur les Champs-Élysées, on me fait comprendre que je devrai parcourir l'Europe avec des milliers de d'euros/livres dans mes poches jusqu'à épuisement des stocks. Très drôle. Pendant que je réfléchis à des transactions de toutes sortes et plutôt coûteuses - par exemple, envoyer l'argent par transfert "Western Union" à ma mère, qui le déposera dans mon compte québécois, et pourquoi pas après faire un transfert vers mon compte bancaire londonien, tant qu'on y est? - on retourne dans le coin qui nous intéresse vraiment... le Centre.

La pluie s'est mise de la partie, alors on a décidé d'aller farfouiller les bacs de livres de St-Michel... mais en arrêt à la station de l'Opéra, sur un coup de tête, on s'est élancés hors du train; nous n'avions jamais visité l'Opéra, malgré nos nombreux séjours à Paris, et malgré sa beauté extérieure qui aurait dû nous y attirer plus tôt. Finalement la salle de spectacle était fermée, nous y retournerons donc dans les prochains jours.

St-Michel donc, et ses bouquineries retrouvées avec plaisir, où Guillaume et moi pouvons passer des heures en quête de belles aubaines - et il y en a toujours! J'y ai acheté un roman sur la Guerre de Cent Ans, et un recueil de contes et fabliaux du Moyen-Âge... livres de poche pour se mettre dans le "bain" français.

Puis, épuisés de déshydratation et les pieds fatigués (entraînement intensif, nous en avons pour 40 jours, aussi bien s'habituer au plus vite!), nous avons acheté une giga-bouteille d'eau, et nous nous sommes dirigés....vers notre chocolatier préféré.

La Chocolaterie Peter Beier, 62 rue Monsieur le Prince - là où il y a les restos de sushis -, près du jardin du Luxembourg, est un endroit fabuleux. De la vitrine, une fontaine de chocolat nous attire à l'intérieur. En entrant, une odeur exquise, olfactivement organismique (oui oui!) nous saute au nez. Tout est blanc, murs, comptoirs, planchers, tablier du chocolatier. Et ce chocolatier (Lars de son prénom)... son chocolat et lui sont sur un pied d'égalité quant à l'attrait de l'endroit. Bref, on vient autant pour le personnage que pour les saveurs chocolatées. Danois, si mes lectures sont exactes. Roux pour ce qu'il en reste, une seule couette sur le front, un peu à la Arthuro Brachetti, un peu à la Tintin. Des lunettes extravagantes, "à l'envers", montures foncées - quoique j'ai lu qu'il possédait 10 paires! Il portait la moustache lors de notre dernière visite, nous étions étonnés de son "absence" cette fois-ci. Guillaume a tenté le dialogue, avec une petite touche de familiarité; avec ce genre de personnage, on a envie qu'il sache qu'on est des clients fidèles: "Vous avez coupé la moustache?"



Il faut savoir, le chocolatier, il ne parle presque pas. Malgré ses quelques années de présence en terre parisienne, il semble maîtriser imparfaitement le français, quoiqu'il se débrouille bien. Il a un accent prononcé, qui ajoute à son excentricité. Sa personnalité le rend encore plus difficile d'approche; lorsque vous commandez des chocolats, ne vous attendez pas à une interaction "normale". Il faut attendre qu'il soit "prêt", "dispos", et d'un autre côté, ne pas s'attendre à des conseils et du service attentionné. Il chantonne, valse même un peu derrière le comptoir, et soudain, il prend le chocolat que vous lui aviez demandé 5 ou 10 secondes plus tôt. Il répond parfois à nos interrogations sur ses chocolats... mais pas toujours avec le délai qu'on avait prévu. Un personnage, voilà. Qui n'a plus de moustache, donc. Surpris de notre question, pris à court dans sa façon régulière d'interagir avec les clients. Il a fait un signe d'impuissance, de surprise, et a répondu un laconique "Les femmes!" Sa femme, oui. Une danoise aussi probablement, au style un peu germanique, en fait. Froide, rousse, la mâchoire décidée, les lèvres minces, un peu pincées. Lors d'un précédent voyage, accompagnée des parents d'une amie qui étaient en visite, ces derniers avaient voulu prendre une photo du chocolatier. Elle avait refusé bien net. Il avait fallu prendre des photos de l'extérieur. Très protectrice de son petit mari. Elle a sûrement exigé "la fin de la moustache", et il a dû se plier. Mais là, on extrapole, parce que le personnage est si mystérieux, on prolonge ses courtes réponses, on développe, on imagine, on fabule.

Quant au plaisir gustatif de visiter la chocolaterie Peter Beier, il est immense. Guillaume m'offrait un chocolat chaud - on avait goûté un délicieux chocolat épicé, très piquant, âcre, et pas sucré du tout la dernière fois, une expérience très intéressante - mais avec la chaleur moite et grise de Paris, nous avons plutôt opté pour une glace maison, une nouveauté pour nous (puisque notre séjour parisien précédent était en automne). Et puisque nous voulions utiliser les toilettes (pas si faciles à trouver que ça à Paris, quoique tout de même plus que dans d'autres grandes villes européennes), nous avons pris l'option "Eat-in"; 6 euros la glace pour un joli petit verre transparent rempli... de délectable crème glacée. La mienne était à l'églantine (petit fruit rouge) et aux éclats de chocolat noir. Absolument divine, onctueuse, fruitée, sucrée, rafraîchissante, rugueuse sur la langue... PARFAITE. Guillaume avait choisi chocolat et pâte d'amande mélangée dans la crème glacée... c'était succulent aussi. On a eu la pièce du haut de la chocolaterie à nous seuls pendant un moment, et avec le soleil qui se pointait enfin, les balcons en fer forgé d'en face, l'animation de la rue, le décor blanc et chocolat de l'endroit... c'était génial.




Pour prolonger le plaisir, nous sommes ensuite allés nous asseoir au soleil dans le Jardin du Luxembourg, face au bassin et au Palais - l'actuel Sénat français. Là, avec la vue magnifique, le soleil chaud... je me suis mise à sommeiller de bonheur et de sucre.... (et essayant de lire mes contes et fabliaux, sans trop de succès!)



Après une heure, nous sommes rentrés, épuisés. Nous avons fait un arrêt à "notre" Franprix, celui près de la Maison des Étudiants Canadiens, dans le même quartier où vit maintenant Bertrand. Pour les roesti surtout (préparation en sachet de pommes de terre rapées, salées, qu'on fait cuire en galette dans la poêle, avec de l'emmenthal rapé par-dessus...on mange ça au petit déjeuner, et on est heureux ;o)). Si près de la MEC, nous y avons fait un petit arrêt... Ça a fait tout drôle de retourner dans mon "chez-moi parisien" après tout ce temps, un an et demi après mon départ. C'est plus tout à fait pareil, les copains n'y sont plus - du moins, la majorité -, pas grand chose n'a changé, ça reste un endroit plein de souvenirs agréables... mais... "Move Forward!"



Après un souper avec Bertrand, son coloc Julien et sa copine Malala et un invité, nous sommes retournés voir les vieux copains de la MEC qui y sont encore. "Débauche" habituelle - le vin n'est pas cher, vive la France!!! - mais il manquait les "essentiels", ceux avec qui on passait toutes nos soirées... Nous sommes rentrés à 1h30 du matin, et j'avoue que le regret était grand de ne plus avoir ma chambre à l'étage d'en-dessous, avec ma salle de bain, mon lit, mes trucs, mon confort, "mes affaires"... le chemin du retour aurait été moins long, premier constat d'un voyage de 40 jours sans le confort "de mes affaires"!!


Paris, Jour 1

1er juin 2008


Enfin, PARIS!!!

Comme je l'ai attendue, cette ville, comme je l'ai espérée!!

Ce matin, nous sommes partis de Londres, en vitesse mais bien préparés. Rien de semblable à mon départ après 4 mois de vie à Paris - 2 petites heures de sommeil, mal remise de la fête de la veille à la Maison des Étudiants Canadiens, un taux d'alcoolémie au-dessus de la limite permise pour survoler l'Atlantique, *hum*.

Eh non, cette fois, c'était bien organisé - merci à chéri, qui est en grande partie responsable! - et c'était parfait comme ça. On a quitté l'appart, le 43 Saltcroft Close, Wembley, sans trop de regret. Il me semble que le ciel était un peu gris, mais visuellement, dans mes souvenirs, il faisait un beau gros soleil. La porte franchie, je me suis à peine retournée; je n'avais aucun regret, même pas vraiment celui de ne pas avoir dit aurevoir à tout le monde - vu l'heure matinale - tant pis, me dis-je, on ne me regretta pas non plus de toute façon. Je voulais prendre des photos de la maison, de la rue qui était si jolie le matin au soleil, de notre taverne "THE TORCH", du stade Wembley (que je reverrai lors de la diffusion des Jeux Olympiques de Londres!), et puis finalement... non. La caméra était un peu loin dans le fond du sac, on partait, on s'en allait... peut-être que quand mes souvenirs deviendront flous, je regretterais de ne pas avoir pris de photos... mais à ce moment-là, je n'avais pas envie de regarder vers l'arrière, de m'arrêter.

Je ne laisse assurément pas que de mauvaises choses derrière moi, mais rien qui vaille la peine que je m'attriste, que je prenne le temps de bien faire mon deuil, de prendre une pause pour tourner la page. Ça viendra plus tard, si nécessaire.
Les dernières journées ont été assez stressantes, craintes de ne pas être payée au travail, craintes qu'on ne nous redonne pas le dépôt du loyer, craintes que les bagages restent à Londres alors que nous partions pour Paris le dimanche, etc... Alors ce départ, c'était une libération, une fuite vers l'avant, une joyeuse épopée hors de la routine londonienne, un recommencement, une dernière chance d'être "jeunes" avant d'entrer de plein pied dans les responsabilités "d'adultes".

En sortant de l'appart donc, mes premiers pas étaient plein d'allégresse, de promesses pour l'avenir, pour l'aventure, et oui, de joie de quitter l'Angleterre et quelques uns de ses mauvais souvenirs.

Le tour en ferry a été très agréable. Arrivés à Douvre, les falaises imposantes m'ont fait un dernier salut, telle la Britannie toute entière, fière et aristocrate. La Manche était toute en brume et en grisaille poétique, puis à la vue des côtes françaises, le ciel s'est mis au diapason de mon coeur; le soleil a percé, l'eau est passée du gris au turquoise, et Calais nous souriait, malgré sa réputation pluvieuse. C'était de la France dont on approchait à plein régime!


La traversée en bus par contre a quelque peu refroidi mes ardeurs; des kilomètres et des kilomètres (ou devrais-je dire, des lieues et des lieues!) d'autoroutes et de bitume, des champs et de la verdure, mais rien d'inspirant, rien qui rendait honneur à la richesse de la France. C'était le choix économique, mais 9h45 de bus, ça use, ça use!

Arrivée à la gare/station Gambetta, à l'ouest de Paris, quartier pas très festif pour accueillir mon enthousiasme débordant (quoiqu'un peu endormi par la route).

C'est l'odeur de Paris qui a réveillé mes sens. En fait, l'odeur du métro. Il y a de ces odeurs qui vous fouettent en plein visage, qui vous rappellent mille souvenirs... Odeurs que l'ont croit principalement associées à de vieux souvenirs, des souvenirs de chez-soi, et puis finalement, on se rend compte que le métro, ce bon vieux métro si efficace - tellement plus que celui de Londres! - a une odeur de dizaines d'occasions, de dizaines de découvertes parisiennes.


Cette odeur m'a fait sourire, elle officialisait, avant même que j'aie réellement mis le nez dehors, mon retour dans cette ville que j'adore. Quelle joie, quelle fierté presque, de pouvoir me dire que j'ai des repères, et une foule de souvenirs dans la Ville Lumière!

J'étais trop heureuse de retrouver Bertrand, qui vit, ma foi, dans un appartement digne de ce nom, et à la propreté presque décente! Il faut bien me comprendre; ce n'est pas que Bertrand n'est pas propre, c'est qu'il m'a habitué à un niveau de confort, disons, moindre. Là, nous nous sommes retrouvés dans un appart assez grand, que je pourrais qualifier de 3 1/2, seule petite lacune, pas de salle à manger, et une cuisine...extra-rudimentaire, mais relativement fonctionnelle. Et pour dormir, le luxe; un futon deux places dans une pièce "presque" fermée, le salon. Ça augurait bien, puisque nous allions dormir là pendant 6 nuits.

J'espère bien qu'on pourra profiter un peu de Bertrand cette semaine!!
J'ai hâte à demain... Paris... ma ville fétiche!!!

Ça fait longtemps...


Ça fait longtemps que je n'ai pas écrit ici. Plus de 2 mois, en fait, deux mois nécessaires à retomber sur mes pattes, retomber sur terre, mais aussi 2 mois à nier un petit bout de moi.

Je suis en période d'adaptation. Mais ai-je jamais cessé de l'être?
Débarquer dans une nouvelle école secondaire où je ne connaissais personne.
Changer de groupes d'amis, chercher ceux qui conviendraient le plus à ma personnalité, à mes affinités.
Partir à 17 ans pour les résidences étudiantes du cégep, puis celles de l'université... et pendant 7 ans, vivre dans mes petites boîtes, refaire mon chez soi à chaque mois de septembre, faire en sorte que par de petits détails de rien du tout, faire mon "nouveau lit" en y reposant ma nouvelle puis avec les années, vieille couette turquoise semée de fleurs mauves. Mettre ma vaisselle multicolore sous l'évier, dans les armoires, mettre mes conserves, mes biscuits au chocolat et un pot de sauce à spaghat dans le frigo.

L'ordinateur est aussi devenu une part de "mon chez-moi", un élément qui me branche sur le monde et sur les gens de l'extérieur, l'extérieur de ma petite chambre d'étudiante. Une fois l'ordinateur tout branché, connecté, ça va, j'ai mon mode de communication avec les gens "d'ailleurs".

Puis ce fut Paris, le déboussolement, la solitude, la recherche de logement, toute seule dans cette magnifique grande ville. Une fois installée en résidence, à la Maison des Étudiants Canadiens (ah, ces rassurantes résidences remplies d'étudiants prêts à échanger...et fêter!), j'ai fait mon "chez-moi", j'ai défait les valises, branché l'ordinateur portable, mis quelques livres sur l'étagère de la bibliothèque... et re-déboussolement à l'épicerie, pour chercher mes biscuits au chocolat, mes céréales ou tout simplement, mon savon.

Puis la fin des études, le déménagement temporaire dans un appartement où j'ai à peine eu le temps de déposer mes pénates, avant de repartir à l'aventure en Angleterre.

Deux longues semaines de recherche de logement, mais cette fois, un compagnon de voyage pour garder le moral, un support, un appui sur lequel je pouvais me reposer lorsque le découragement et le dépaysement m'envahissaient. La recherche d'emploi, qui a duré 1 mois et demi, le broyage de noir, les envies de tout foutre en l'air, de traverser la Manche pour retrouver un "bout de chez-moi", un terrain connu, la France. Une solution de rechange, un plan B à cette île qui ne semblait pas vouloir de moi.

Le dépaysement, je l'ai fait mien en partant à la découverte de l'Europe, j'y ai pris goût, je l'ai recherché longtemps, et je le chercherai probablement toute ma vie. Pour moi, c'est être confrontée à mes peurs, à mes valeurs, à ma culture, c'est sous-peser ce que mon bagage a de bon, et de moins bon. Ce qui doit être laissé derrière, ce qui rend mes valises physiques et mentales trop lourdes... mais bien sûr, en revenant, mes bagages sont toujours plus lourds; de souvenirs, d'ouverture d'esprit (par contre, ça, c'est léger), de regards nouveaux sur ce qu'est le monde.

Et me voilà au Québec, chez moi, à peu près aussi dépaysée ici que n'importe où ailleurs. Pas nouveau... mais un peu essoufflant. C'est difficile se faire des bases solides. Pour ça, il y a la famille, et une chance qu'elle est là; mais les amis, eux, partent et reviennent, disparaissent ou réapparaissent... c'est vrai que partir longtemps élimine souvent les "amis" qui n'étaient pas bien accrochés à nos bagages.

Une fois revenue ici, j'ai squatté, encore, cette fois chez la soeur de chéri. L'envie de m'ancrer me rebutait à m'installer encore une fois temporairement quelque part, mais le mois a passé vite, et bien. Nous voilà maintenant dans un nouvel appart, "bien à nous", officiellement, avec mon nom et celui de chéri sur le bail. Mais un bail court, un bail de 10 mois, un bail qui sera, ou non, renouvelé (on verra l'isolation cet hiver!). Mon chez-moi, le seul réel que j'ai, reste encore et restera sûrement longtemps la maison familiale. Je n'ai pas réellement d'autres attaches. 10 mois, c'est à peu près le temps que j'ai demeuré à Londres; était-ce chez-moi? Pas davantage.

Depuis 2 mois, je cherche du travail. C'est pour ça que je n'ai pas écrit ici; l'adaptation, le focus des énergies sur quelque chose de primordial, d'urgent, trouver une carrière, un endroit où m'installer et gagner de l'expérience, mais aussi et surtout maintenant, un gagne-pain.

Depuis 2 mois, rien. 5-6 entrevues, toutes abouties par un "non" plus ou moins poli. Des essais et des erreurs, des milliers de recherches, des promesses d'aide de toutes sortes qui tardent à venir, des conseils de toutes sortes, dont quelques uns qui m'ont fait rire, comme celui d'écrire un roman (et le rendement, il vient quand, dans un an ou deux?!), vendre mon corps ou devenir une heureuse perceptrice de l'assistance-emploi, communément appelée "bien-être social".

Alors j'ai décidé de renouer un peu avec ce que je suis, ce que j'aime. J'ai hésité longtemps à mettre mon carnet de voyage sur mon blog, de peur que personne ne commente, puisque tout ce que je raconterai sont des événements du passé, auxquels on ne se sent pas obligés de réagir.

Mais après tout, je m'en fous. J'ai pris la décision de le faire pour moi, de le faire comme un exercice d'écriture. Après tout, une autre idée un peu moins farfelue celle-là, est d'écrire sur mes voyages, et qui sait, peut-être arriver à vendre mes histoires, ou du moins, mes souvenirs visuels, auditifs, gustatifs, tactiles....


Alors à partir d'aujourd'hui, seront publiées, idéalement jour par jour, tel que vécues, mes histoires de voyage...


J'espère vous y amener un peu avec moi...