mercredi 24 septembre 2008

Tag littéraire


Un peu de présent dans mes récits du "passé", quoique ce passé ce ne soit pas si lointain... Question de vous rappeler que j'ai encore une vie, un présent, que ce n'est pas toujours très joyeux ni très rose, mais qu'il est tout de même digne de mention. ;o)

Cette semaine, j'assiste à des ateliers d'aide à l'emploi de l'Université de Montréal, "la planification de la recherche d'emplois" (ça, ça fait 2 mois que je le fais, mais il paraît que je dois maintenant me concentrer sur le "marché caché"... les emplois secrets, dissimulés aux yeux des non-initiés, hors-réseautage... tout est donc à recommencer, ou presque!), "le défi du curriculum vitae: la rédaction" (je me fais deux beaux cvs tout neufs, tout propres, tout courts (ce qui n'était pas le cas de l'ancien!), un chronologique, un par compétences, et demain j'évaluerai avec ma conseillère lequel est le plus "performant"), et demain, "préparation à l'entrevue: I". La préparation à l'entrevue "étape 2", ce sera des simulations et de l'observation des autres, ça s'annonce intéressant.

Bref, chéri et moi sommes plutôt désillusionnés par le peu de réponses que nous recevons, mais après ces ateliers et la "refonte" de nos cvs, je suis confiante: on aura davantage de feedback.

Quant au tag, il vient de Véro, qui l'a reçu d'Oum. Citer les lignes 5 à 10 de la page 123 du roman qui repose sur ma table de chevet.

Puisque je suis incapable de faire si court, et que cet extrait, que je viens de lire, n'est pas représentatif de la prose du roman, je vous en cite un autre extrait, plus long, mais ô combien inspirant.

Ma lecture en ce moment? Historique, évidemment. Dumas-esque, ajouterais-je. Après la saga des Trois Mousquetaires, oeuvre grandiose sur l'amitié masculine, l'esprit chevaleresque et les complots de Richelieu et de Louis XIV, après aussi le Comte de Monte-Christo et ses histoires de vengeance et d'amours déçues, je tombe avec délice dans La Reine Margot.

Donc, après le 17e siècle, après le 19e siècle, je retourne au 16e siècle, l'époque des poisons, des guerres de religions entre papistes et huguenots, une époque que j'ai beaucoup aimé étudier et un événement en particulier, le massacre de la Saint-Barthélémy, que j'ai particulièrement analysé pour en trouver "les coupables" (la machiavélique Reine-mère Catherine de Médicis est-elle la seule coupable? Son fils Charles IX a-t-il tiré de sa fenêtre sur les protestants fuyant le massacre? Les nobles protestants étaient-ils si prétentieux, si provocants? aaaah, comprendre les ressorts, les non-dits, les causes et conséquences de l'Histoire...je me demande pourquoi j'aime tant cela... peut-être par désillusion par rapport à la politique ennuyante d'aujourd'hui, alors que c'était si excitant, si imprévisible à l'époque?)

Bref, la reine Margot, fille de Catherine, soeur de Charles IX. Le soir de la Saint-Barthélémy, 24 août 1572. Le parti catholique (papiste), dans le Louvre, se prépare à passer sous le fil de l'épée la "tête" du parti protestant, la douzaine d'huguenots qui constitue la suite d'Henri de Navarre, qu'on vient d'unir à Margot dans l'espoir de rallier les 2 religions - officiellement - ou dans le but d'amener toutes les proies dans le même filet - officieusement.

Un beau jeune homme, La Mole, protestant, vient d'arriver à Paris pour rejoindre Henri de Navarre. Il arrive quelques jours plus tard que prévu, et n'est donc pas encore "identifié" comme faisant partie de la suite d'Henri, cette suite qui sera victime, au son de la tocsin de l'église d'à côté, à 2h du matin, des machinations de la famille royale, de Catherine, du roi Charles IX.

Le massacre commence. On tue bien sûr les nobles de la suite d'Henri, on tue l'amiral Coligny, pourtant appelé "mon père" par le roi Charles IX quelques jours auparavant. Les meurtres se passent dans les rues, les gens tentent de fuir. Les Parisiens s'éveillent, profitent de l'occasion pour se défouler, pour assassiner, les protestants évidemment, mais aussi, pourquoi pas, tous ces "gênants" qui nuisent, un voisin, un oncle dont on veut hériter; c'est le bain de sang.

La Mole réussit à échapper à son aubergiste qui prévoyait en faire sa première victime de la soirée. Il court à l'hôtel de l'amiral de Coligny pour l'avertir du danger, mais il est trop tard à son arrivée; on a déjà assassiné le vieil homme, on l'a jeté par la fenêtre, et la foule prend plaisir maintenant à le décapiter, le démembrer. Où est La Mole? Caché dans l'hôtel, piégé.


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p. 100:

"En ce moment, en effet, quelques cris de détresse qui semblaient poussés par une voix de femme se firent entendre; des reflets rougeâtres illuminèrent une des deux ailes formant galerie. On aperçut deux hommes qui fuyaient poursuivis par une longue file de massacreurs. Une arquebusade tua l'un; l'autre trouva sur son chemin une fenêtre ouverte, et, sans mesurer la hauteur, sans s'inquiéter des ennemis qui l'attendaient en bas, il sauta intrépidement dans la cour.

- "Tuez! tuez!" crièrent les assassins en voyant leur victime prête à leur échapper.

L'homme se releva en ramassant son épée, qui, dans sa chute, lui avait échappée des mains, prit sa course tête baissée à travers les assistants, en culbuta trois ou quatre, en perça un de son épée, et au milieu du feu des pistolades, au milieu des imprécations des soldats furieux de l'avoir manqué, il passa comme l'éclair devant Coconnas, qui l'attendait à la porte, le poignard à la main.

- "Touché! cria le Piémontais en lui traversant le bras de sa lame fine et aiguë."
- Lâche! répondit le fugitif en fouettant le visage de son ennemi avec la lame de son épée, faute d'espace pour lui donner un coup de pointe.
- Oh! mille démons! s'écria Coconnas, c'est monsieur de la Mole!
- Monsieur de la Mole! répétèrent La Hurière et Maurevel.
- C'est celui qui a prévenu l'amiral! crièrent plusieurs soldats.
- Tue! tue!..." hurla-t-on de tous côtés.

Coconnas, La Hurière et dix soldats s'élancèrent à la poursuite de La Mole, qui, couvert de sang et arrivé à ce degré d'exaltation qui est la dernière réserve de la vigueur humaine, bondissait par les rues, sans autre guide que l'instinct. Derrière lui, les pas et les cris de ses ennemis l'éperonnaient et semblaient lui donner des ailes. Parfois une balle sifflait à son oreille et imprimait tout à coup à sa course, près de se ralentir, une nouvelle rapidité. Ce n'était plus une respiration, ce n'était plus une haleine qui sortait de sa poitrine, mais un râle sourd, mais un rauque hurlement. La sueur et le sang dégouttaient de ses cheveux et coulaient confondus sur son visage.

Bientôt son pourpoint devint trop serré pour les battements de son coeur, et il l'arracha. Bientôt son épée devint trop lourde pour sa main, et il la jeta loin de lui. Parfois il lui semblait que les pas s'éloignaient et qu'il était près d'échapper à ses bourreaux; mais aux cris de ceux-ci, d'autres massacreurs qui se trouvaient sur son chemin et plus rapprochés quittaient leur besogne sanglante et accouraient. Tout à coup il aperçut la rivière coulant silencieusement à sa gauche; il lui sembla qu'il éprouverait, comme le cerf aux abois, un indicible plaisir à s'y précipiter, et la force suprême de la raison put seule le retenir. A sa droite c'était le Louvre, sombre, immobile, mais plein de bruits sourds et sinistres. Sur le pont-levis entraient et sortaient des casques, des cuirasses, qui renvoyaient en froids éclairs les rayons de la lune. La Mole songea au roi de Navarre, comme il avait songé à Coligny: c'étaient ses deux seuls protecteurs. Il réunit toutes ses forces, regarda le ciel en faisant tout bas le voeu d'abjurer s'il échappait au massacre, fit perdre par un détour une trentaine de pas à la meute qui le poursuivait, piqua droit vers le Louvre, s'élança sur le pont pêle-mêle avec les soldats, reçut un nouveau coup de poignard qui glissa le long des côtes, et, malgré les cris de: "Tue! tue!" qui retentissaient derrière lui et autour de lui, malgré l'attitude offensive que prenaient les sentinelles, il se précipita comme une flèche dans la cour, bondit jusqu'au vestibule, franchit l'escalier, monta deux étages, reconnut une porte et s'y appuya en frappant des pieds et des mains.

"Qui est là? murmura une voix de femme.
- "Oh! mon Dieu! mon Dieu! murmura La Mole, ils viennent...je les entends...les voilà... je les vois... C'est moi!... moi!...
- Qui vous?" reprit la voix.
La Mole se rappela le mot d'ordre.
"Navarre! Navarre!" cria-t-il.

Aussitôt la porte s'ouvrit. La Mole, sans voir, sans remercier Gillonne, fit irruption dans un vestibule, traversa un corridor, deux ou trois appartements, et parvint enfin dans une chambre éclairée par une lampe suspendue au plafond.

Sous les rideaux de velours fleurdelisé d'or, dans un lit de chêne sculpté, une femme à moitié nue, appuyée sur son bras, ouvrait des yeux fixes d'épouvante.

La Mole se précipita vers elle.

"Madame! s'écria-t-il, on tue, on égorge mes frères; on veut me tuer, on veut m'égorger aussi. Ah! vous êtes la reine...sauvez-moi."

Il se précipita à ses pieds, laissant sur le tapis une large trace de sang.

En voyant cet homme pâle, défait, agenouillé devant elle, la reine de Navarre se dressa épouvantée, cachant son visage entre ses mains et criant au secours.

"Madame, dit La Mole en faisant un effort pour se relever, au nom du Ciel, n'appelez pas, car si l'on vous entend, je suis perdu! Des assassins me poursuivent, ils montaient les degrés derrière moi, je les entends... les voilà! les voilà...!

- Au secours! répéta la reine de Navarre hors d'elle, au secours!

- Ah! c'est vous qui m'avez tué! dit La Mole au désespoir. Mourir par une si belle voix, mourir par une si belle main! Ah! j'aurais cru cela impossible!"

Au même instant la porte s'ouvrit et une meute d'hommes haletants, furieux, le visage taché de sang et de poudre, arquebuses, hallebardes et épées en arrêt, se précipita dans la chambre."

/////


Voilà! C'est la plus belle poursuite que j'ai lu de ma vie. Dumas a une faculté incroyable pour les récits de guerre, de sang, de poursuite à pied ou à cheval, c'est un écrivain qui dépeint magnifiquement bien l'esprit chevaleresque, la force virile, brute et même brutale, la masculinité dans tout ce qu'elle avait de combative et de guerroyante à l'époque.

J'espère que vous avez eu le courage de lire l'extrait jusqu'à la fin, et que vous avez apprécié. J'en suis à une centaine de pages plus loin, et le livre est définitivement très bon. Mais le meilleur, c'est Les Trois Mousquetaires...

Moi, toutes ces épopées historiques, ça me fait rêver... après tout, c'est grâce aux romans historiques que j'ai découvert mon intérêt pour l'Histoire... par la plume de certains auteurs qui avaient une plume particulièrement habile...

Que j'aimerais savoir écrire comme eux!!

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ahlala, si seulement j'étais bonne en histoire!!!! Si seulement j'y comprenais quelque chose!!!!!... je suis une calamité. Te lire me donne envie de ma cultiver mais est-ce possible de lire la Reine Margot de Dumas avec autant de lacunes, de manque de repères dans le temps, que les miens???? T'ai-je dit que j'étais la reine de l'anachronisme???
En tout cas, j'ai vu le film, avec Isabelle Adjani. C'était un bon film. Faudrait que je le revois....
Alors cette entrevue??????!!!!
On vous embrasse fort tous les deux!!!