dimanche 30 décembre 2007

Notre Noël à Londres (aka: le film "Joyeux Noël" (1914))

Notre sapin de Noël, fruit de la sueur de mon chum (l'épicerie est loin!), trônant dans la cuisine


S'il y a bien une journée où on veut la paix, l'harmonie, la joie et le bonheur sur tous les visages, c'est bien à Noël.

S'il y a bien une journée où on veut avoir le coeur léger, la tête remplie de pensées positives et heureuses, c'est bien celle de Noël.

Et même, quand on se sent bien d'attaque, on espère ressentir cette harmonie pendant, ô allez on ose, DEUX GROSSES JOURNÉES, le 24 ET le 25 décembre (ah! que je fais des folies en disant cela! J'ose, j'ose!)

Disons plutôt, quand on est bien utopique et la tête bien comme il faut dans les nuages, et même quelques kilomètres au-dessus, et au-dessus de celles des autres aussi. Car, en effet, c'est bien rare que cette envie d'harmonie et d'amour fraternel et inconditionnel pour la race humaine toute entière soit partagée par tous ceux qui nous entourent.

Je suis une rêveuse, je sais. Je rêve tous les ans que soudain, tout le monde fasse la paix. Une paix internationale, entre pays, entre religions, entre peuples, mais aussi une paix locale, entre amis et entre membres d'une même famille. Ça aussi, c'est bien utopique, et malheureusement, en vieillissant, une partie de mon âme d'enfant rêveuse a dû faire son deuil de cette harmonie universelle, et je me contente d'essayer de faire la paix, MOI, avec tous ceux que j'aime. Que les autres s'arrangent. Ça me fait tout de même beaucoup de peine, mais de toute façon, peu importe ce que je fais, je reste impuissante face aux querelles des autres.

Tout de même, j'essaie de mettre le "paquet" côté amour et chaleur de mon côté, en espérant que ça inspirera les autres.

Cette année, loin de ma famille et des copains, on a essayé de se recréer un petit Noël entre colocs. On ne peut pas dire entre amis, bien qu'on essaie de se rapprocher d'eux; ce sont des colocs par obligation, mais ça ne nous empêchera pas de tenter de vivre une soirée agréable.

Le 24 au soir, petit souper en tête à tête avec mon chéri, on se réchauffe notre délicieuse lasagne faite la veille, on ouvre une bouteille de rouge (au diable les antibiotiques, c'est la veillée de Noël!), on allume 2 chandelles, on éteint les lumières de la cuisine et on se laisse bercer par les lumières multicolores du sapin et par la musique du Noël de Charlie Brown. On souhaite très fort d'avoir la paix pendant une petite heure, et on l'a. Signe que cette soirée est bénie. (*hahah!*). Puis après maintes hésitations (de ma part toujours, Guillaume passe son temps à attendre que je prenne une seule petite décision par moi-même...j'ai tellement peur de le forcer à faire quelque chose dont il n'a pas envie!), on se décide à aller à la messe de minuit à l'église du quartier.

On invite notre Brésilienne, qui est la jeune mère de 25 ans au sang bouillonnant (comprendre: qui jette des tasses à l'occasion), et sa petite fille à se joindre à nous. Le père est au travail pour toute la nuit, c'est pour cela qu'on organise notre souper de Noël de groupe pour le lendemain soir seulement.

Elle est toute enthousiaste, elle vient d'une famille et d'un milieu protestant extrêmement pratiquant où les filles ne doivent jamais se couper les cheveux, doivent porter des vêtements longs, se confesser toutes les semaines, etc... Bref même si elle s'est un peu rebellé face à tous ces carcans, sa foi est encore là et elle aimerait bien la faire partager à sa fille - un peu diluée, tout de même, pour ne pas que sa fille vive l'ostracisation dont elle a été victime dans son petit village ultra-religieux où la jeune mère est une sorcière dévergondée qui est partie faire de la prostitution en Angleterre.

Mais le père n'est pas d'accord. Tout aussi brainwashé que sa copine, le Polonais a cauchemardé toute sa jeunesse démons et exorcismes, et maintenant, il est athée, avec un petit penchant vers le bouddhisme. Mais surtout, surtout, pour lui, le plus important est que sa fille grandisse sans religion pour ne pas qu'elle subisse les mêmes traumatismes que lui.

Alors, même si la jeune mère et sa fille sont toutes les 2 seules à la maison en cette nuit de réveillon, et qu'on les invite à se joindre à nous... elles ne peuvent pas nous accompagner, parce que le père ne veut pas que sa fille ait d'éducation religieuse. J'ai trouvé bien triste qu'il prive sa copine et sa fille de leur seule occasion de partager l'ambiance de Noël avec des gens de l'extérieur.

Nous par contre, ça nous a fait un grand bien. Je me suis mise sur mon 31; j'ai mis ma robe noire qui a des contours et des rubans rouges, des bas collants noirs en dentelles (motifs de roses), mes bottes à talons hauts noires, (et mon manteau blanc puffy de plumes qui m'arrive à la taille, quelle honte, avec mon chum tout beau dans son long manteau noir chic... là, j'aurais aimé avoir accès à mon manteau long qui est resté à la maison!). Ok, j'étais un tantinet trop fancy pour la petite église de quartier où nous sommes allés. Mais je m'en foutais, je réclame mon droit à être over-chic à Noël, bon! Tout de même, pour un minimum de décence (des bretelles presque spaghettis dans une église, scandale!! bégaiements du prêtre, regards de courroux des vieilles dames pieuses de l'assistance!!), j'avais rajouté une petite veste noire par-dessus le tout, même si elle ne matchait pas totalement. Il faut ce qu'il faut, dans la maison du Seigneur! *hahaha*

C'était une toute petite église protestante, mais le mur du fond (que je n'ose appeler la nef, car ça n'avait aucune profondeur (oki, et aussi parce que je ne suis jamais totalement sûre de ce que la "nef" représente...shame on me!) était sculpté en pierre de façon vraiment très jolie. C'est sûrement des sculptures qui datent du 16e siècle environ (je jette un siècle à tout hasard!), qui donneraient du cachet à n'importe quelle église. On avait un petit pamphlet où toute la messe de minuit était écrite, d'un bout à l'autre, pour qu'on puisse suivre.

J'ai compris pourquoi ils font s'asseoir et se lever aussi souvent les assistants des messes; pour ne pas qu'ils s'endorment!!! Hey, faut pas être surpris, l'Église est une institution doublement millénaires, elle a ses petits trucs dans sa manche!!! Développés sur des siècles et des siècles et des milliers et des millions de cobayes! ;o) On a chanté, on a marmonné ce qu'on ne comprenait pas, on a tenté de suivre le sens pas toujours mélodique des paroles chantées du prêtre, et on a savouré les choeurs des 3 femmes derrière nous, qui avaient de très jolies voix. On a aussi juré qu'on faisait partie de la foi apostolique (hum?) parce que c'était inséré quelque part dans des paroles de chanson, on a failli faire DOP! tous les deux, on a murmuré que c'était pas vrai et on a continué comme si de rien était...*hahaha* Ah les ptit snoros, qui essaient de nous faire jurer plein d'affaires!

Puis nous avons allumé quelques lampions. Nous n'avions pas de monnaie, alors pour 1 pound à 15 pennies le lampion, on pouvait se gâter un peu. Pourquoi nous n'avions plus de monnaie? Parce qu'ils ont passé un panier dans lequel ils nous demandaient humblement de déposer ce qu'on voulait. Distraitement et dans l'idée de faire une bonne action, on a vidé nos poches et nos fonds de porte-feuilles...pour se rendre compte que ce n'était pas la quête; c'était l'argent nécessaire à rénover l'église! Ben maudit! On pense donner aux pauvres, et on se retrouve à combler les petits caprices du prêtre qui voudrait de nouvelles décorations!! La quête, c'est venu ensuite, quand on n'avait plus un sous en poche!

Et nous sommes sortis, non sans avoir d'abord serrer la main du prêtre qui nous attendait à la porte (que c'est délicat!). J'oubliais, en allant communier, Guillaume a goûté au petit vin de messe (le sang du Christ) qui venait de Grèce...paraît qu'il était vraiment bon, mais moi, tremper mes lèvres dans le même verre que 50 autres personnes.... bof, je vais m'ouvrir une bouteille chez-nous merci!).

En marchant paisiblement, main dans la main, vers la maison, nous avons été dépassé par une voiture qui menait 3 personnes âgées vers leur demeure....à peine un pâté de maisons plus loin. En sortant de la voiture, ils nous ont vu qui s'approchaient, et ils nous ont salué, nous resouhaitant personnellement joyeux Noël... on a apprécié l'attention, c'était très gentil de leur part... ça fait chaud au coeur.

On est rentrés, j'ai laissé le droit à Guillaume d'ouvrir son bas de Noël (question de le faire tenir jusqu'au lendemain matin pour son cadeau, *hahaha*), et nous nous sommes couchés...

Ça, c'était la partie paisible et heureuse de notre Noël.

Le lendemain, la guerre commençait.

À peine réveillés, on entend le père chicaner sa fille parce qu'elle babille en déjeunant. C'est tellement fréquent que je me demande ce qui m'énerve le plus; la petite qui teste sa voix, ou les parents qui hurlent à chaque minute "QUIET, DIA, QUIET!". Le matin de Noël, je suis catégorique, c'est le QUIET qui m'horripile. Si elle peut pas babiller à son aise ce matin-là...

Puis, les parents montent dans leur chambre. Et pouf, c'est parti. Elle hurle. Il réplique. Ça s'engueule à qui mieux mieux pendant un bon 20min. Je l'entend, elle, lui dire qu'au moins à Noël il pourrait faire un petit effort, mettre du sien. Puis ça monte et ça descend les marches, c'est reparti! Ils sont maintenant dans la cuisine, eeeeeh oui, vous ne serez pas surpris, on entend des éclats de verre (ou de tasse, je crois bien!!), puis la porte qui claque.

Et mon chéri, à moi, qui avait tout planifié pour cuisiner un bon souper ce soir-là! Et moi, qui avait encore mal au coeur de ma chest infection mystérieuse, qui était allée combattre mon dégoût pour la boucherie hallal du coin la veille (évidemment, au ASDA, équivalent de Wal-Mart, il n'y avait plus le moindre petit poulet dans les étagères!) pour nous trouver 2 poulets. L'odeur était tellement repoussante que j'ai failli par deux fois sortir en courant pour prendre un bol d'air frais, parce que je ne pouvais pas devant eux me cacher le nez avec mon foulard. Les poulets avaient une sale gueule, mais bon, ma (si petite!) mission était de ramener 2 poulets, je devais être digne de la confiance de chéri.

Mais là, avec la guerre dans l'appart, il a lieu ce souper, ou pas, merde? Combien on sera, on peut savoir? Le gars dit qu'il va s'en aller, qu'il y sera pas... Guillaume qui lui demande ce qu'il fera s'il n'est pas là, il dit qu'il ira prendre une marche....eh ben mon grand, yé que midi, t'es mieux de te planifier un petit tour de Londres parce que la journée va être longue. Puis c'est elle qui, pendant qu'il est parti "faire sa marche", se met à déballer rageusement touuuus les cadeaux qu'elle avait amoureusement placés sous le sapin la veille au soir. Elle les enlève, arrache le papier d'emballage, remet les cadeaux dans les sacs, monte ceux de sa fille dans la chambre, s'excuse (mais franchement, faut pas s'excuser, fais juste ça ailleurs, par pitié, plutôt que de nous BAIGNER dans votre conflit!). On lui demande si elle sera là, elle sait pas... Bon, il nous reste la soeur du Polonais, (tous les autres Polonais sont partis dans leur famille en Pologne, nous n'étions supposés d'être que nous deux, le couple et leur fille, et la soeur du père), ça ferait 3. Ah hahah.

Puis il revient, et ils décident de s'expliquer DANS L'ESCALIER AU PALIER SOUS LE NÔTRE. Ils sont tout en haut au 4e étage, mais ils ne veulent pas faire ça devant leur fille, alors ils font ça ASSIS DANS LES MARCHES à 3 mètres de notre porte de chambre. %(!*%$!#(*$# Faut les ENJAMBER pour passer de la cuisine à notre chambre.

J'appelle mes parents pour leur souhaiter joyeux Noël? Je dois m'ENFERMER DANS LA TOILETTE à côté de la cuisine pour leur parler, parce qu'ils s'astinent TROP FORT dans les escaliers. Petite envie de les étriper. Et pendant ce temps, mon chum qui essaie tout de même de faire un bon souper sans savoir combien ils seront à en profiter.

On a l'impression de vivre dans une maison de fous. On a hâte que la mère s'en retourne au Brésil *temporairement* le temps de vendre sa maison et de revenir se marier avec lui... parce qu'on espère très fort que pour le bien de leur fille, elles ne reviennent pas. C'est bien triste, mais franchement, c'est pas une vie.

Mais finalement, à l'heure du souper, je dirais...30min avant, l'accalmie arrive enfin. Il semble qu'ils aient décidé d'enterrer la hache de guerre (et les tasses!) pour la soirée. La petite est habillée en princesse, les parents s'asseoient à table avec un sourire semi-crispé, la soeur de Mateusz s'installe à côté de la petite, et hop, le souper est servi!

Souper délicieux d'ailleurs, 2 poulets (qui, une fois bien astiqués et préparés par mon chéri, avec les conseils de ma mère, avaient une bien meilleure allure et surtout un très bon goût!), des patates pillées, des petits pois, des carottes simili-frites (recette brésilienne?), un bon gâteau au chocolat et aux cerises... On s'est régalés. Mais ce qui a le plus amélioré l'ambiance; c'est la tonne d'alcool qu'on y a mis ensuite.

Ah, alcool salvateur, quand tu t'y mets! Le froid du début du repas a fait place, une fois que la petite a été envoyée s'amuser ailleurs (semble que tant qu'elle est là les parents ne s'entendent sur rien de toute façon), tout le monde est devenus un peu plus joyeux et a enfin eu en tête d'autres sujets de conversation que la tempête de l'après-midi. Vin mousseux, vin rouge, porto... On a bu, on a mimé, on a eu des post-its collés dans le front, et finalement, un(e!) après l'autre, nous sommes allés nous effrondrer dans nos lits...

Et enfin, merci à chacun d'avoir fait le petit effort qu'il fallait, et merci aussi à l'alcool joyeux et déshinibant, on a passé une belle soirée.

Le lendemain, gueule de bois en arrière-goût, nous faisions nos bagages pour Strasbourg la merveilleuse...

Prochain post, c'est assez pour ce soir, vous pensez pas? ;o)

2 commentaires:

Pur bonheur a dit…

Tant mieux si vous avez fini par passer un beau noel malgré tout! Ça m'insulte tellement quand je vois un couple régler ses conflits en public. Chu pas capable!!!

Tania a dit…

*hahaha* moi non plus, CHU PAS CAPABLE. Et le pire? Paraît qu'ELLE-MËME NON PLUS, ELLE EST PAS CAPABLE. Elle passe son temps à nous dire qu'elle est désolée, elle aussi elle haït les couples qui s'astinent en public...puis elle dit qu'ils ont perdu les pédales et qu'ils sont rendus qu'ils s'engueulent en pleine rue, sans se rendre compte des gens autour....eille, c'est beau à voir, franchement! Et elle est supposée s'en aller au Brésil dans moins d'un mois vendre sa maison là-bas, et revenir avec sa fille ici pour qu'ils se marient! PITIÉ, PITIÉ NON!!! Moi je leur souhaite juste qu'elles restent là-bas, elles seront mieux..et la petite aura peut-être (je l'espère!) un milieu plus sain, une cour où jouer dehors, un meilleur accès au grand air (elle reste enfermée devant l'ordi de sa mère toute la journée à regarder des cartoons), et plus de parents qui s'engueulent toute la journée, tous les jours... Et après, elle passe son temps à encenser mon chum et dire à quel point je ne réalise pas mal chance d'avoir un homme aussi exceptionnel..J'irai pas la contre-dire...mais je vais peut-être commencer à surveiller mes arrières...*hahaha* Non honnêtement, le problème à force de l'entendre dire que MON chum est génial, c'est que SON chum à elle risque de finir par prendre Guillaume en grippe, à force de se faire comparer à "monsieur parfait"...*hahaha* LUI il est gentil, LUI il crie pas, LUI il fait à manger, LUI il amène sa blonde en voyage....;o) C'est son genre à elle de picosser comme ça... aah, presque fini, fin janvier, fin janvier...