dimanche 9 décembre 2007

Le Tate Museum

"Dynamic equilibrium of a perfect life"

Vous pensez que ça représente quel genre d'oeuvre d'art, ça?

Je vais vous le dire, parce que moi j'aurais jamais deviné (j'ai une imagination très limitée, vous comprenez...); un tableau blanc, avec 5 lignes noires, et un rectangle rouge.

L'art contemporain, ça m'énerve. Ça m'horripile. Pour moi, dans la danse, la musique mais encore plus l'art visuel, l'art contemporain, ce sont des artistes désespérés de ne pouvoir surpasser les maîtres du passé. Pour ne pas se faire comparer aux artistes - incomparables - du passé, ils tentent par tous les moyens de s'en éloigner le plus possible.

Et comme si ce n'était pas assez, ils ont leur petit vocabulaire à eux, leurs petites expressions, leurs petits hochements de tête entendus lorsqu'ils lisent la vignette d'un tableau, alors que dans le fond, ça se résume pas mal trop souvent à ça, justement: "dynamic equilibrium of life". WTF???

De toute façon, qu'est-ce qu'il y a de dynamique, de vivant et donc en mouvement, dans une toile où l'on peut observer avec délectation 5 lignes noires, agencées avec amour et style de manière verticale et horizontale, le tout agrémenté, pour le summum de notre plaisir, par un (j'en salive) RECTANGLE ROUGE.

Scusez-la. J'ai une sale grippe et j'ai fait 2 heures de transport pour voir ça. Et le pire, c'est que je ne peux pas blâmer le Tate Museum: je SAVAIS ce qu'il y aurait là. Je SAVAIS que je n'aimerais pas ça. Mais le Tate étant le Tate, sommité de l'art contemporaine de par le monde, lors de notre séjour à Londres, il fallait y aller, et même, il fallait essayer d'apprécier un minimum.

J'ai tout de même la chance d'avoir un chum qui, comme moi, s'insurge contre cette prétention d'art. Nous avons donc pu tous les deux déverser notre fiel et notre dégoût à voix haute - de toute façon, c'est en français, et même pour les Français, c'est pas toujours compréhensible, un "osti qu'cé lette" - et nous avons tous les deux agréé avec soulagement lorsqu'est apparue l'idée de "foutre le camp d'icitte".

Vous pensez que je suis fermée d'esprit face aux beautés de l'art contemporain? Face à son message profond et songé? Ok... je vous mets une photo.. vous la regardez bien attentivement, et après, je vais vous dire ce qu'ils disent que ça signifie... (la qualité de l'image n'est pas très bonne, mais sachez que j'ai pris illégalement cette photo, en toute vitesse, et que je me suis faite chicaner après, juste pour partager avec vous mon horreur face au survoltage de neurones dont les artistes contemporains sont atteints).

Ok c'est vrai, on voit pas bien... mais je vous décris tout de même la scène; le gros truc (c'est gigantesque, j'ai pas pris la poutre au-dessus qui tient le tout) en bronze représente l'éclair, si j'ai bien compris. Le chariot (je ne sais plus si c'est celui en avant-plan ou celui derrière recouvert de papier d'aluminium *hum*), eh bien c'est une chèvre. Et ce qui ressemble, franchement, de proche, et sincèrement, à des CROTTES DE CHIEN EN BRONZE, sont en fait, DES ÊTRES VIVANTS À DEMI-FORMÉS.

DAAAAAAAAAAAAAAH!!!! Et vous savez quoi? Dans la description, ils disent que c'est son oeuvre maîtresse, qu'il a fait dans les dernières années de sa vie, et qui regroupe tous les thèmes qu'il a tenté, anxieusement, d'exploiter toute sa vie. Bref, c'est la crème, ÇA. La cerise sur le sundae, l'accomplissement d'une vie d'artiste contemporain. Moi je trouve ça pathétique à en pleurer. Bon pas tant, parce que le gars, tout de même, a ses oeuvres au Tate. Je suppose que le problème, alors, c'est moi. (Je dis ça juste pour ne pas froisser l'artiste, en fait).

Il y avait quelques Picasso aussi, et des Pollock. Ce qui m'a fait réfléchir sur le fait que même si on encense Picasso à tours de bras, franchement, c'est pas toujours joli joli ce qu'il a fait. Esthétiquement, moi j'aime pas trop regarder. C'est vrai que j'ai vu plus de portraits de Picasso qui en valaient la peine à Montréal dans l'exposition sur le sexe. Mais tout de même, mis avec ses contemporains et ses petits amis bizarres, il retrouve sa place, et mélangé avec tous les autres, ça me donne mal au coeur.

Bon, TOUT n'était pas horrible là-bas, quoique pas loin. J'ai tout de même réussi à trouver UNE peinture que j'aimais beaucoup, une femme nue - réaliste cette fois, pas difforme comme toutes les autres - en simili-extase, verte (tout le tableau était vert), avec dessinée par-dessus une tête de bouc, des feuilles géantes, un masque, etc... (voilà j'ai trouvé la photo, mais étrangement, elle est pas verte du tout sur la photo..mais elle l'était vraiment en vrai..bref). Otaïti qu'elle s'appelle.

Bref, c'était à peu près la seule peinture que mes yeux trouvaient reposante, alors je suis restée assise devant elle un bout de temps - le temps d'arrêter d'avoir mal au coeur. Puis nous avons traversé une pièce noire avec des lignes en craie blanche partout, mes yeux ont un peu paniqué, mais pour une fois c'était une expérience qui en valait la peine (surtout en marchant vers un coin de mur... wooooooohh pas besoin de drogue avec une pièce pareille chez vous). Puis un petit film sur des fourmis qui ramassent les confettis brillants à la fin du Carnaval de Rio...et même se battent entre elles pour eux. Je me demande si elles étaient tant attirées par ces confettis strictement pour leur beauté - couleurs vives et brillance - ou s'ils avaient vaporisé, par exemple, de l'eau sucrée dessus... Parce que c'était plutôt intrigant de les voir aussi folles à ramasser tous ces confettis. Mais évidemment, en sortant de la salle, le panneau explicatif (long d'une cinquantaine de lignes) ne donnaient aucune information sur le comportement fourmilier...tout était dans la déééémaaaaaaarche de l'aarttiissssssste. M'énerve.

En conclusion, nous sommes venus, nous avons vu, et nous n'y reviendrons plus. Dommage que nous n'ayons pas pu voir l'immense araignée de Louise Bourgeois, mais il aurait fallu payer 10 pounds chaque pour y jeter un oeil. On s'est plutôt réjouis de n'avoir pas payé un rond (les musées étant souvent gratuits à Londres, du moins les expositions permanentes) pour avoir vu des horreurs pareilles pendant 3h de temps. On pourra tout de même dire qu'on ne juge pas à travers notre chapeau; nous avons eu 3h pour renforcer notre opinion: On HAGUIIIII ÇA.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Chère Tania, en lisant ce billet, je me demandais si c'était bien toi et non moi-même qui l'avais écrit!... :-))
Ça fait des décennies que je cherche les mots pour exprimer clairement et franchement ce que je ressens devant une "oeuvre" (!!!???) de l'art contemporain. Et tu as trouvé ces mots!... Merci!... Peut-être que moi aussi je ne "comprends" rien de rien de ce que ces "artisses" veulent exprimer et que je suis un pur ignare de l'art!... :-((
En ce qui concerne les fourmis brésiliennes, je crois que ce n'était pas de l'eau sucrée, mais bien de la "poudre" blanche qu'on avait mise sur les confettis du carnaval de Rio!... :-)))
Oui, je crois que tu as un style littéraire et une démarche intellectuelle qui se rapprochent de ceux de ta mère!... Telle mère, telle fille donc!... :-))
Bonne chance!...

Tania a dit…

Bonjour Jean ;o) Bienvenue sur mon blog! Merci de ton appui dans la "lutte contre l'arnaque des artistes contemporains!". J'ai une amie en muséologie qui essaie de me convaincre que parfois.... parfois...c'est pas si mal. Mais je pense que c'est peine perdue dans mon cas ;o)
Pour les fourmis... notre lecture des "Fourmis" de Weber ne nous a pas éclarci, moi et mon copain, sur le phénomène des confettis... la poudre blanche est peut-etre une explication (oh, le gros préjugé! *hahaha*).
Merci pour le compliment, me faire dire que je ressemble à ma mère, c'est toujours un honneur ;oP

Pur bonheur a dit…

Morte de rire!!! Quel calvaire quand même! Moi aussi, je déteste l'art Contemporain. Je ne trouve rien de beau là-dedans. Ça me fait penser au peintre Riopel, qui a la fin de sa vie mettais une toile à l'horizontal, y déposait des outils (marteau, clous, etc) et vaporisait de la peinture rouge et noir sur le tout. Et les gens s'extasiaient. Wow! Un Riopel!!!!

Tania a dit…

@ Maman: voilà! Moi aussi je réclame le droit de dire que certaines toiles de Picasso sont moches! Que des toiles recouvertes de peinture blanche, avec quelques seaux de peinture jaune et mauve, et quelques mots gribouillés, JE NE TROUVE PAS ÇA DIFFICILE À FAIRE ET DONC, ÇA N'A PAS SA PLACE PARMI LES CHEFS-D'OEUVRES DES MUSÉES!
Voilà, j'ai fait mon coming-out anti-art contemporain.

Beo a dit…

Moi ce que j'ai compris-après avoir suivi votre visite et votre patience que j'admire-; c'est que l'art(avec un petit a), contemporain en fait; c'est bien plus intéressant de voir la démarche de l'artiste EN ACTION plutôt que le rendu!!!

Tania a dit…

@Beo: *hahaha* effectivement...aussi bien regarder un gars qui semble inspiré pitcher des pots de peinture sur sa toile... ça doit au moins faire rire un peu, alors que son oeuvre, elle, produit ou bien un regard interloqué, ou bien une grimace bien franche et irrépressible. Vive les jolies peintures du passé ;o) C'est pas vrai que la photo a remplacé l'art du portrait... rien n'est plus impressionnant qu'un tissu ou une texture de peau rendus avec un réalisme surnaturel par traits de pinceau.

Pur bonheur a dit…

Moi je crois que l'Art contemporain à un but. Nous faire sortir le mauvais en nous.
Quelle autre exposition peut faire surgir les émotions suivantes?
-Profond dégoût
-Perte de temps précieux
-Se creuser les méninges en pensant que la pièce A UNE SIGNIFICATION .
-S'imaginer dans quel état était l'artiste lorsqu'il a créé son oeuvre (saoul, stone, somnambules etc).
Finalement , je crois que seul l'art contemporain nous amène à de telles réflections. Pas vrai? :D

Beo a dit…

Ne pas oublier l'artiste dans tout ça!

Lui-ou elle- aussi il a réussi à sortir le méchant loll!

Hon.... on est tu méchantes?

Tania a dit…

@ Maman: *hahahaha* Effectivement, c'est un bon défouloir... après coup... Entk, pour ceux qui cherchent des raisons de chialer dans la vie, ils sont servis là-bas! (mais il y a tant d'autres choses dans le monde qui méritent qu'on s'y attardent pour les dénoncer... Bon..ne laissons pas l'humanitaire en moi sortir, ça va etre trop long...
Du moins je suis d'accord, la plupart des artistes devaient etre dans un état second lors de la "création" de leur "oeuvre". Par contre moi je vous jure, je n'ai pas passé une seconde à essayer de comprendre le sens d'une de ces oeuvres: JE SAIS qu'il n'y en a pas... non, je lis la vignette, je ris du sens incongru et de leur pédantisme (mon beau mot de la journée)... et je passe au prochain! NEXT! Yen a un par contre que j'ai trouvé d'une imbécilité possible... un gars à un bar qui est entrain de couper son jambon avec un couteau à beurre (genre), et une fille en diagonale de lui qui regarde ailleurs en mangeant son sandwich. Et la vignette nous dit: observez la puissance de la violence et de la sexualité sous-latente dans ce tableau... PARDON? Buuullshiiiit!!
Bon... j'ai eu mon défouloir de la journée, c'est vrai que c'est très utile, j'ai pu déverser mon ratio de fiel de la journée, je vais maintenant continuer paisiblement à travailler ;o)